mardi 21 juillet 2015

Le mystère du vin bio

Je reprends mon clavier en ce moment estival pour vous narrer une énigme : "le mystère du vin bio".
Alors, évidement on ne peut appréhender toute chose que de son propre point de vue et à travers sa propre expérience.
Je ne revendique donc pas tout connaître sur le vin bio, et mon opinion se nourrit d'une expérience essentiellement bordelaise.
On n'a jamais autant parlé des vins bio depuis ces dernières années. En 2008, une politique volontariste exprimée dans le Grenelle de l'environnement par monsieur Borloo fixait le cap vers une augmentation des surfaces viticoles cultivées en "bio". Des professionnels se sont engagés avec foi dans cette voie, forts aidés par deux années 2009 et 2010 à la climatologie favorable. Il faut trois années dites de conversion avant de pouvoir afficher fièrement sur ses bouteilles le logo Bio.
En 2012, alors que jusque là le vin était issu de l'agriculture biologique, il est devenu bio lui-même, subtilité qui a d'ailleurs plus générée de confusion dans l'esprit du consommateur qui croyait jusque là boire du vin bio. Mais bon, passons ces subtilités administratives et saluons un élan citoyen de ceux qui ont décidé de franchir le pas.
Oui mais voilà, il est du bio comme de tout le reste, si on veut bien vivre de sa production, il faut que celle-ci trouve des consommateurs prêts à payer un prix équitable.
Et c'est là que le mystère du vin bio s'épaissit. Avant 2008, les cours du vrac du vin bio étaient en moyenne au moins 50% plus cher que celui du vin dit conventionnel. Il faut savoir que cultiver des vignes en bio revient entre 10 et 30% plus cher qu'en agriculture raisonnée. Mais l'augmentation, bien que raisonnable, de la production de vin bio a entraîné une baisse des cours qui sont aujourd'hui sensiblement équivalent aux autres vins. Vous avez donc compris, produire bio coûtant plus cher,la marge du producteur s'en voit réduite comme peau de chagrin. Alors qu'on ne voit pas une semaine sans une dénonciation de l'utilisation de pesticides de synthèse en viticulture, dans le même temps, on explique aux producteurs qu'il n'y a pas de marché pour les vins bio, et que donc on ne peut leur acheter plus cher que les autres.???? Mystère, vous avez dit mystère. Il y a bien un mystère dans ce paradoxe. Problème de qualité, dirons certains, les vins bio sont moins bons que les autres. C'était sans doute vrai il y a 20 ans, mais aujourd'hui, je mets au défi quiconque de faire la différence à l'aveugle entre un vin bio et un vin dit conventionnel. Objection réfutée votre honneur, il va falloir trouver autre chose.
Les gens veulent du bio, les gens veulent du bon, mais ils veulent soit-disant du pas cher.
Or, tous ceux qui vendent en direct vendent plus facilement leurs vins les plus chers. L'argument du low cost n'est donc pas valable. Alors, poker menteur entre production et distribution, certainement comme toujours, où c'est à celui qui aura la meilleure marge qui gagne. Mais le dindon de la farce, c'est bien le consommateur dans tout cela.
Ce que je vais dire me vaudra peut-être un procès en diffamation mais il se murmure tout bas entre négociants et producteurs que non, il n'y a pas de marché pour le bio, mais que bon on veut bien vous l'acheter quand même, au même prix que les autres vins, pour vous rendre service mais on se fout de la certification et donc du logo qui va avec. Il se rajoute même que ces lots de vins bio en vrac sont assemblés avec des vins conventionnels issus d'une partie de la viticulture non raisonnée pour... je vous laisse deviner,  réduire les taux de certains résidus de pesticides dans les marques distributeurs ou de négociants. Et oui, le grand avantage du vin c'est que ça se mélange bien! Il y a donc un marché pour le bio, mais le consommateur ne la sais pas puisque les vins bio qu'il consomme sont assemblés avec d'autres vins, ce qui empêche ainsi l'utilisation du logo identifiable.
Alors elle est pas belle la vie? Allez, santé, si je peux m'exprimer ainsi, les "bios" travaillent pour cela.


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