vendredi 18 octobre 2013

On ne prête qu'aux riches....

Plusieurs mois de réserve pour ne pas faire de bavardage et de verbiage inutiles.
Durant ce laps de temps, nous sommes passés d'une promesse à une quasi détresse.
Les gazettes regorgent déjà de commentaires sur le millésime 2013. Mais, on ne prête qu'aux riches.
Un printemps hivernal a amputé sérieusement l'ensemble des productions agricoles de notre pays.
Les tomates ont mûri fin Septembre, les fruits sont peu sucrés et également mûrs avec un mois de retard. Les céréales ne sont pas épargnées. Bref, pour les citadins, le printemps est déjà loin. Ceux, de plus en plus rares, qui en revanche vivent des fruits de la nature, 6 mois après continuent à vivre les conséquences de ce printemps déprimant.
La vigne n'échappe pas à la règle. Rajoutez à cela la grêle durant l'été à Bordeaux, Vouvray ou Pommard puis la pluie en Septembre, et nous voilà parti avec tous les handicaps congénitaux possible en dehors de la gelée de printemps.
Alors comment juger ce 2013?
Comme un individu affublé de tous les dons par dame nature, ou comme un être faible, fragile, portant en lui myopathie ou sclérose en plaque?
Notre 2013 est asthmatique. Ceux qui le jugeront ne devront donc pas l'étalonner dans une finale du 100 mètres des JO, mais porter sur lui le regard bienveillant de parents mesurant chaque jours les infimes progrès de leur enfant chétif.
Si les conditions météorologiques froides et humides n'ont pas handicapé la production de vins dont l'acidité est une des qualités, 2013 n'est pas favorable pour les rouges de garde, fleurons mondiaux de notre viticulture. Mais n'oublions pas les liquoreux qui eux ont profité des conditions humides de Septembre, et seront donc de grande qualité.
Mais ayons une pensée pour tous ceux qui ont perdu tout ou partie de leur récolte en raison d'un orage de grêle.
J'ai eu l'occasion de me rendre dans des vignobles grêlés quelques heures après le passage de l'orage. Même pour moi qui ne possède pas de vignes, ce spectacle prend aux tripes et soulève en nous une émotion très particulière. Voir cette plante ainsi déchiquetée éveille un sentiment de profond gâchis et nous renvoi aux milliers d'heures de travail qu'il a fallu pour en arriver là balayées par quelques minutes de fureur. Cette vision nous renvoi sans doute à la propre fragilité de notre existence.
Alors j'ai une pensée pour les vignerons de Vouvray, de l'Entre 2 Mers, Saint-Emilion, Castillon, Pommard ou Volnay qui ne produiront pas de vin cette année.
Mais amis buveurs n'oubliez pas de vous rappelez quand vous déboucherez une bouteille de 2013 de le juger à l'aune de sa naissance difficile, et considérez qu'il s'agit là d'un petit miracle arrivé jusqu'à vous.
Et rappelez vous qu'en général on ne prête qu'aux riches et que cela n'est pas toujours des plus juste et équitable.